mardi 12 janvier 2010

Inspiration et esthétique

Ce blog est destiné aux banalités du quotidien qui acquièrent une valeur nouvelle (positive ou négative) suite aux vœux sacrés du mariage. Aujourd’hui, mon trajet quotidien en transports en commun jusqu’à l’université m’a inspiré pour le prochain thème.

On m’avait prévenu des irritants classiques de la cohabitation tels que le ménage et le budget. J’étais préparé à cela et je le gère plutôt bien (opinion peu partagée). Cependant, personne ne m’avait parlé de l’irritant # 1 : le bâillement. Depuis le mariage, j’ai développé une sévère aversion pour ce curieux phénomène. J’ignore l’origine de ce mépris pour l’exhibition de la cavité buccale. Toutefois, cela me semble compréhensible: le bâillement représente l’une des contorsions faciales les moins esthétiques et, bien souvent, est accompagné d’un bruit qui devrait être réservé à des activités soit d’excrétion, soit de coït. Même les fins traits de Zac Efron doivent devenir grossiers lorsque soumis à cet acte.

Bien qu’elle me trouve un peu dérangé, Madame B. est compréhensive et tente de dissimuler ses bâillements (tâche qui demande beaucoup d’adresse). La manœuvre est encore fragile et donne souvent lieu à un étrange rictus. J’y vois une manifestation vraiment unique d’amour.

Je disais que mon trajet d’autobus m’avait inspiré sur ce thème. Je m’explique. Ce matin, à proximité de moi, un jeune homme s’adonnait au palmarès du bâillement. J’étais aux premières loges du comportement réflexe le plus disgracieux qui soit. 13 bâillements en 10 minutes, d’une durée moyenne approximative de 10 secondes chacun. Il a donc passé un peu plus du cinquième du voyage à bâiller. Élégant. Pour me calmer, j’ai tenté d’expliquer son comportement. J’en suis venu à trois hypothèses :

1.L’individu est étudiant en anthropologie et réalise depuis peu son insignifiance. Les vagues contagieuses de bâillements qu’il initie dans l’autobus génèrent un sentiment de contrôle sur son environnement.
2. Dans un bus, l’air ambiant est le seul objet socialement acceptable par lequel il peut stimuler la zone érogène orale sur laquelle il est fixé.
3. L’étudiant se rend à un cours de recherche bibliothécaire. Par conditionnement classique, l’autobus agit comme signal d’un état d’endormissement. La réponse conditionnée est une tentative vaine et exagérée de rétablissement de la vigilance : le bâillement.

Le bâilleur anonyme se joint à Mme B. pour dire : «psycho crap».

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