mercredi 10 mars 2010

Fratrie en traque

Madame B. et moi sommes revenus du Mexique lundi dernier. Le voyage de noces tardif a tenu ses promesses : soleil chaud, sable blanc, repos, embrassades, lecture et nourriture. Beau programme pour un jeune couple. Cependant, tout cela devient légèrement «creepy» si l’on substitue le duo amoureux par une sœur et son petit frère. Et pourtant, un nombre ridicule de Mexicains ont demandé à mon épouse si son petit frère, c’est-à-dire moi, parlait un aussi excellent espagnol qu’elle. La chose était d’autant plus frustrante que, justement, mon espagnol est pitoyable. Impossible alors de corriger l’erreur en adoptant une voix grave et assurée. Essayez de paraître mature simplement en souriant.

L’erreur est toutefois compréhensible. Elle a d’ailleurs été commise à quelques reprises au Québec. Un exemple classique : une serveuse me demande, en regardant madame B., si je prends également du café. Oui oui, merci, le lait au chocolat ne goûte pas la même chose à 21 ans. Compréhensible, je disais donc, parce que j’ai l’air plus jeune que mon âge et que la tenue de plage n’aidait en rien ma cause.

Vous n’êtes pas sans connaître notre besoin irrépressible de communiquer nos moindres anecdotes, tel que l’incident sœur-petit frère. Or, pendant une semaine en Amérique centrale, pas moyen de nous soulager. Oh, ce n’est pas les Québécois qui manquaient. Régulièrement, des «Crisse, check ça!» se faisaient entendre. Mais, au risque de paraître prétentieux, notre désir était de nous rapprocher d’un autre type de touriste. Type qui ne nous jugerait pas pour avoir réservé entièrement nos bagages à main pour nos livres. Il y avait bien quelques lecteurs sur la plage, mais les biographies du genre «L’énigmatique Céline Dion» ou «Dominique Bertrand démaquillée» ne nous rassuraient pas. C’est alors que nous avons aperçu un jeune couple homosexuel fort prometteur, les jugeant selon leurs romans policiers, leur style vestimentaire et leur revers au tennis. Madame B. et moi nous mîmes alors en chasse à l’homme… littéralement. Nous élaborâmes un système de bruits animaux pour nous avertir mutuellement de leur présence, «under cover». Connaître leurs déplacements n’était pas suffisant; il fallait prendre contact avec green et blue bird (leurs noms de code). La chose n’était pas facile. La façon d’aborder un inconnu a toujours été pour moi un mystère, et je me doutais bien que «Hey, joli revers.» n’était pas une introduction gagnante. Ma seule stratégie aura été de tenter d’attirer leur attention par la consommation d’un nombre raisonnable de «girly drinks», faisant ainsi honneur à Marshall. Mais en vain, ils repartirent sans connaître la fabuleuse madame B. et son petit frère.
 
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